Inauguration du renouveau du Boël

En grandes pompes, dans la matinée, les élus de Bruz ne tarissaient pas d’éloges pour l’Association des « Amis du Boël » et ces travaux qui marquent d’une pierre blanche un superbe lifting de notre patrimoine des Vallons de la Vilaine.

Car ce moulin à eaux, construit comme un navire, l’étrave fendant le courant, dans sa forme d’éperon en amont est né en 1652. 

D’héritage en concession, de Seigneurs en meuniers, la particularité du moulin réside dans le fait qu’il n’est pas construit sur une dérivation, comme c’est d’ordinaire le cas, mais à même la rivière.

Les ardoises, de style Louis XIV, deux contreforts en schiste violet en aval, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré. Sans oublier la roue, initialement activée par 2 roues hydrauliques en 1869, de part et d’autre de l’ouvrage d’art, qui fonctionnait avec 5 paires de meules, permettant une puissance de rendement journalier de 3300 kg.

4 générations de meuniers se sont succédées jusqu’en 1935. 

Plus loin encore, jusqu’à la Révolution Française, les meuniers devaient, en contrepartie de leur activité, s’acquitter d’un loyer et de « servitudes ». Par exemple, fournir au Seigneur propriétaire, 1000 anguilles fraîches par an. 

Tandis que de 1944 à 59, se tenait en amont du Boël, au lieu même de notre Pont de Réan, une école de mousses très sérieuse. Les jeunes y apprenaient la godille, l’aviron sur les baleinières, le matelotage et le tir. Pont-Réan Marine, ou Centre de Formation Maritime de Pont-Réan.

Et puis, les assauts des tempêtes bretonnes ont bien failli faire disparaître le fier navire de schiste. En 1962, la charpente de la toiture est soufflée tel le conte des 3 petits cochons.

Un jeune bruzois passionné (Jean-Yves Connen) s’acharne à entreprendre sa restauration. Puis la mairie de Bruz prend le relais du sauvetage. Le rachète à la famille Jolivet. L’association « Les Amis du Boël » se crée. La résurrection peut commencer.

En 1990, il devient difficile de s’adapter aux normes de sécurité. On ferme.

En 2022, coup de théâtre, le coup d’envoi des festivités pour célébrer la fin des travaux.  Renouveau en grande-pompe de notre bijou. Témoin de notre histoire, clef du passage et de l’alliance de nos rives.

Guichen et Bruz, main dans la main.

L’union fait la force.

Trait-d’union, Pont-Réan, le Moulin du Boël et son écluse.

C’est donc ce samedi matin 30 avril, baigné de rayons de soleil encore un peu timides, dans cette douceur diffuse, que Mr le maire Philippe Salmon, Luc Pierrard (Président des Amis du Boël) et Édouard Ladune (architecte du patrimoine) enchaînent leurs discours officiels d’inauguration.

Et c’est aussi là, que tel un spectacle préalablement orchestré de main de maître, une escadre détachée de notre Cale bien-aimée CKCPR fait son apparition sur la Vilaine en fond. Ambiance décors animé. Les élus, enthousiastes, saluent la parade totalement prise au dépourvue, et bien venue en illustration improvisée. 

Nos ambassadeurs aquatiques du CKCPR, en bateaux de descente, en rient et s’en souviennent encore.

L’après-midi, j’y retourne, presque incognito, c’est-à-dire sans ma monture aquatique (kayak 😇) chargée d’infiltrer la partie terrestre et de me joindre aux festivités.

Chœurs d’hommes de chants marins reprenant les chants de travail de l’école des mousses, les dures conditions de vie maritime des matelots de la Royale (à une époque où la marine de plaisance tuait plus qu’elle ne faisait rire), et tant d’autres encore.

Visite archi-complètes de l’intérieur du Moulin tout neuf et de ses prouesses techniques. 

Et fanfare Gallo nomade à roulettes. Saltimbanque depuis la rive de Guichen, suivie par un cortège de famille et amoureux de nos vallons de la Vilaine, en passant par le pont ferroviaire surplombant notre canyon de schiste enrubanné de genêts en fleurs. Jusqu’à l’arrivée en musique de nos trombones, trompettes, batterie à roulettes, saxo, triangle et cors de chasse. Féerie de rondes, croches et noires.

Après-midi midi radieux. Grenouilles, rainettes et crapauds 🐸 au banquet des festivités. Sonore. Très sonore. Qui a dit que la nature était silencieuse.

Pas Kermit, en tout cas.

Dans tout ça, au détour de mon hasardeuse mission, j’eus la chance d’être « reconnue » ( le mot est exagéré) par Philippe Caffin, ancien maire de ma ville depuis 20 ans. Lui autant surpris que moi, ne nous connaissant que de vue. Puis, redirigée vers l’unique élu restant du cortège d’officiels de la matinée. 

Bruno Delaunay, conseiller municipal délégué, infrastructure et réseaux et donc responsable de la voirie, se tenait devant moi, en ange salutaire.

L’homme providentiel qu’il me fallait rencontrer.

La suite de nos échanges fera le reste. Premières graines en germination.

Il faut dire que notre club de canoës-kayaks n’est pas qu’un vivier de champions régionaux , nationaux et internationaux. Il n’est pas non plus qu’un berceau bienveillant et régénérant pour celles et ceux qui, emporté.e.s au hasard de la maladie, retrouvent force et vie au sein de cette famille flottant sur l’eau.

Ni uniquement une cours de récréation offrant des cours pédagogiques et cadencés aux enfants et adultes qui s’y frottent, mercredis, vendredis et samedis.

Cet apprentissage par le jeu, nous le devons tous à un tapis d’éveil naturel qui nous offre ci du calme, là du courant, du slalom entre les piles du pont, des remous et sauts du barrage et de l’écluse du petit moulin en aval du pont classé de pierre reliant le Pont-Réan sous la protection de Bruz et le Pont-Réan appuyé par Guichen.

Et en amont, bordé par le confluent de la Seiche remontant vers Bruz sud, le viaduc du Boël et son merveilleux barrage qui change de visage au gré des crues l’hiver ou l’été. Limite naturelle qui n’est pas donnée à tous de franchir. 

Obstacle d’entraînement tutoyant la mission même de la pratique du kayak : étudier les courants et contre-courants, possibilités de franchissement.

Or cet inauguration n’est  pas seulement jointure des pierres de schiste des murs du moulin,  ni restauration spectaculaire technique de la grande roue à aube. 

Elle s’accompagne d’une génératrice d’électricité installée pour injecter sa production dans le réseau (~103 MWh), soit pour un an, l’équivalent de la consommation en électricité des bâtiments de la mairie de Bruz et la maison des enfants !

Entrée de plein fouet au carrefour des énergies renouvelables ultra modernes.

Il n’y manque que l’installation d’une webcam pour surveiller la montée des eaux et à défaut des dégâts des tempêtes qui souvent charrient branchages et troncs déracinés au plus fort de nos tempêtes et inondations.

Nos vents bretons, qu’ils soient noroît (Gwalarn) ou suroît (Mervent), vents de nordet et suet, n’ont pas le souffle court, chez nous non plus.

Magali

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