Ce samedi matin, la présence de Gladys, notre jeune prodige, protégée de Jean-Yves, le roi de l’esquimautage par tous les temps, aurait dû nous mettre la puce à l’oreille.
Voilà que la belle qui cumule révision du bac et passage de pagaie en voie d’aspirante- monitorat, nous fascine de tant de performance, bienveillance et gentillesse.
Décidément ce club, un puits de joie sans fond. Sans fond ? Mais non. Notre belle vilaine se désemplit au fur et à mesure que les beaux jours s’installent. Les crues les plus spectaculaires laissent leurs parures pour le ravissement de l’hiver et ses tempêtes. Il est arrivé l’année dernière, par exemple, que nous ne pouvions presque plus passer sous les arceaux de pierre entre les piles, sans toucher les parois avec nos pales, tellement l’eau était montée.
Au printemps, et qui plus est, plus nous nous rapprochons de la saison divine estivale, plus le fleuve se vide et laisse apparaître une eau claire et transparente par endroits.
Cessons nos divagations, certes, le soleil commence à hâler nos blanches peaux bretonnes et les oiseaux sifflotent de branchettes en mangrove. L’eau est encore un peu fraîche quand même.
Qu’à cela ne tienne. Pour nos gentils organisateurs, si pas tempête ni grêlons, si soleil et zozios, alors la banquise disparaît. Noir ou blanc. Mais pas gris.
Et nous pauvres novices, adieu le bronzage, en avant le batifolage aquatique.
Mais auparavant, petite séance de jeux pour nous dérouiller et dégourdir nos appétits.
Au préalable, scinder le groupe des confirmés et débutants du cru 2021-2022 en deux. Bateaux de descente vers le Moulin du Boël. Les autres en piranhas, perception, diesel, wavesport, et autres petits bateaux de haute rivière.
Dérouillage et rigolade : divisés en 3 groupes de 3, les « gorilles » mangeront les « poules » qui goberont les « crevettes » qui elles-mêmes démangeront de guili les « gorilles ». Chaîne alimentaire revisitée. Et alors ?
L’eau calme et paisible des dieux de l’Olympe et d’ailleurs se meut en terrain de chasse et remous. Balle aux prisonniers jouxtée à une mêlée de rugby. L’occasion d’admirer les virages et lignes esthétiques des plus doués d’entre nous qui affichent un magnifique palmarès de progression kayakiste. Pour d’autres, c’est l’affolement général. Il s’agit de foncer sur nos « proies » leur toucher à pleine paume de main qui le ponton avant ou arrière de leurs farouches montures.
Il va sans dire que le déploiement de tous les muscles plein de testostérone enjoués d’instinct collector et collectif, a l’effet des mâles de la nature colorée. Vitesse, stratégie et démonstration technique l’emportent haut la main.
Fabien « la poule », sur son courageux destrier, fend l’air et les flots pour attaquer frontalement Paul « la crevette » insubmersible (ou presque ), tandis que Nico « le gorille » le harponne par le flanc.
Quant à Sylvain, « gorille » sage primate sorti de sa réserve, se lance à l’assaut sans faire de quartier parmi les « poules » aux ailes décuplées. « Olivier » et moi, crevettes presque crevées fondons sur les gorilles moins offensifs. Paule notre gorille miroir préféré se défend habilement.
Nous finissons tous en prison. À bout de force. Et déjà habitués à mouiller nos k-ways. Notre belle Vilaine a vaincu nos dernières appréhensions. Ou presque.
Il est temps de passer aux choses sérieuses. Deux par deux, nous nous entraînerons. Le ponton n’étant pas assez grand pour tous nous accueillir, chaque binôme utilisera à tour de rôle le nez de l’embarcation du partenaire comme d’un appui. Mains posées, voire agrippées à la proue, jeu de déhanchement pour mettre sur la tranche de notre hiloire, en perpendiculaire avec la surface de l’eau tranquille. Puis d’un coup de rein ou de hanches, re basculer à plat le jouet de plastique.
2ème étape, apponté à une main seulement, l’autre bras relâché dans l’eau du lagon (faut essayer de se le persuader). Paule excelle. Elle re bascule d’un coup de genou qui donne le coup de maître au bassin pour manager le retour à plat du bateau. En se redressant, détendue en toute confiance, elle m’assure qu’elle n’a rien trouvé en dessous. Lol.
Tandis que Paul et Nico enchaînent les rotations complètes. Retrouvant l’air libre en prenant appui sur leur pagaie mue en ponton à plat par poussée d’archimède.
Olivier, novice du cru 2021-2022, nous fait une démonstration parfaite d’abandon technique en souplesse de remontée du bassin, basculement progressif de l’hiloire, suivi du buste et en dernier de la tête.
Florence et moi, savourons nos progrès. Mais le choix de nos bateaux complique le passage réussi des étapes successives. Ce sera pour une prochaine fois.
À refaire. En kayak, comme ailleurs, s’il faut parfois se lancer avec témérité et courage, y aller par étapes permet de se familiariser.
Le cheminement est aussi important que le résultat.
Merci Gladys et Mick.
Ça change de la piscine.
Vivement samedi prochain, en Adultes loisir 😉
Magali