Vendredi, juste avant que les locations estivales ne commencent, et
alors que notre cours APA se terminait dans la joie et sous le soleil,
un spectacle, et pas des moindre se profilait.
Et nous étions aux premières loges.
Fini l’hiver, le vent et les courants.
La surface de l’eau lisse sans le moindre pli. Pas une déchirure. L’endroit à l’envers. Ou l’inverse. Stranger things.
Le ciel sous nos fesses. Autour du ponton.
Autour de Mick, toujours de bonne humeur, avec son chrono cette
fois, et sa casquette, une myriade de jeunes abeilles kayakistes de
compétition.
L’heure était de descendre les K1 de descente et kayaks de ligne,
le tout en fibre. Matière légère comme une plume, que l’on porte d’une
main pendant qu’on cause avec l’autre. Un petit doigt pour certains,
suffit. De quoi se prendre pour l’un des 4 fantastiques le temps de
déplacer ces monstres de vitesse de 4 mètres, fin comme une oie sauvage
sans ailes.
Sur l’eau ce temple de légèreté, devient un fil de rasoir pour
celui qui s’y essaye. Les genoux à la verticale. Et non plus en tailleur
façon bouddha tranquille comme dans nos petits bateaux faits pour
jouer, tourner et s’éclabousser dans n’importe quelle saut fluvial.
Là, le K1 de descente se pose à peine, en toute discrétion sur le
miroir d’eau. La proue pointue plus haute sur l’eau, bien
perpendiculaire pour fendre toute résistance aquatique.
Sur l’arrière, la poupe se dessine. S’évase généreusement en
ailettes pour subtilement équilibrer le poids des mouvements et la
virtuosité des virages. Puis vient mourir de progressivement jusqu’à
environ la moitié en hauteur de la proue.
Design aérodynamique fait pour filer plus vite que la rivière ne s’écoule.
Tandis que les K1 de lignes, eux, ont une architecture encore plus
funambule. Plats sur l’eau de la proue à la poupe. Tellement bas, que le
compétiteur se trouve à moitié à l’air libre. Adrénaline à son max.
Sa double pagaie en balancier. En eau plate exclusivement. Il ne
s’agit aucun cas de doubler les éléments sur un dénivelé, contrairement à
son cousin d’adrénaline le K1 de descente.
Descente et Ligne, deux virtuoses de la vitesse, que les kms n’arrêtent pas.
2 catégories de kayaks longilignes qui n’en finissent pas, faits
pour courir sur l’eau, tout droit. À certains moments, je jurerais
qu’ils se téléportent.
Tourner est une énigme pour le Kayak de ligne. Que le pilote
coureur de Descente se doit de maîtriser au mieux pour allier
contournement d’obstacles et endurance sans fin.
Marius dans sa monture, s’élance. En 2 coups de pagaie, le voilà
déjà à mi-parcours. Anticipation d’amorçage à l’approche de la bouée,
gîte extérieure, ailette posée en équilibre parfait.
Virage réussi, virtuose du col de cygne, c’est reparti. Le bateau
couché sur le côté, piloté en mettant tout son poids en verticale sur le
bord inverse. Pale de pagaie d’un seul côté, plongée loin devant et
ramenée en toute fluidité tout en cassant le poignet pour ne pas rompre
la dynamique ni la souplesse fil-de-fériste. Optimiser le mouvement.
Cette technique permet de profiter de l’élan, garder le cap et la
vitesse, sans avoir à pagayer davantage. Une danse complice entre la
bête, les flots et le jockey.
Deuxième virage serré et pointe de vitesse chronométrée pour atteindre l’arrivée.
Travail de concentration, équilibriste technique et savant
lâcher-prise. Souplesse en dissociation. Buste droit en pendule. Bassin
jouant savamment le contre-poids. Toujours garder la verticalité du fil
de plomb. Même quand on ne voit pas ce qui se passe sous les flancs
gîtés de l’engin.
Angelo, Clément, Ewen, tous étaient présents. Ainsi qu’une compétitrice piquée de l’ivresse de ce sport aussi.
Bravo à tous. Ils étaient si nombreux, je n’ai pas pu retenir tous les prénoms.
Merci pour ce si joli spectacle. Même si nous l’avons compris, les
critères de sélection sont qualifiables. Impossible de tricher.
La progression ne s’improvise pas.
Entraînement et assiduité. Toujours.
Épreuve de force mentale et de technique rodée.
Respect.
Magali