Comme une boule de flipper au stade d’eau-vive de Cesson-Sevigné

Groupe de kayakistes adultes loisirs navigant sur l'eau du stade d'eau-vive

Un démarrage dans le souvenir du Rougail-Saucisse

À l’aller dans le camion, les APA et pagaies Jaunes que nous étions n’en menions pas large. Jusqu’à ce que je lâche un « je me sens un peu invertébrée de la veille ». Hier soir, en effet, nous étions pratiquement tous à l’AG du Canoë Kayak Club de Pont-Réan. Et sous la magie du Rougail-saucisse et de la convivialité sans fausse note, la sortie du lendemain après-midi nous semblait largement dans nos cordes.

Dans le camion, il y avait 3 APA (Michel, Evelyne et moi) + 3 loisirs adultes débutants et intermédiaires ( Bérangère, Aldric et Steven) + 1 loisirs confirmé (Fabien). Et enfin nos 2 gourous sympas, Bubu et Romaric.

En voiture séparée, notre reporter-coach photo, Johan en combi sèche pour la pluie. 

L’était une fois, bataille de réchauffette 

Pourtant la direction de base avait bien négocié la météo. Un soleil merveilleux nous attendait. On y a cru. On se sentait comme des marmottes au soleil. Alors, on a laissé les gants et moufles au fond du sac. Quelle morceau de naïveté. Plus tard, les giboulées ont déboulé avec Avel (vent) et Glav (pluie), leurs 2 copains inséparables. 

Le soleil sourit mais l’eau mouille. Le vent se rit de nous 

Morceau de chance quand même, on a retrouvé Mémé (Mélanie) et ses groupes de Thorigné-Fouillard et Rêve évasion. Le parterre était jonché de kayaks. 

En parfaits touristes pas tout-à-fait décuvés de la veille, nous sommes d’abord partis faire le tour du propriétaire. La base avait changé de visage depuis les gros travaux de l’an dernier. Puis Mémé nous a rappelé qu’il fallait nous échauffer.

Groupe de kayakistes debout en tenue en train de s'échauffer. Leur kayaks sont posés au premier plan.

« Hop, hop, hop, tout le monde par ici, l’échauffement est un moment très important » et tout en parlant, elle nous montrait des geste de plus en plus compliqué, dignes d’une chorégraphie de Philippe Decoufflé. Romaric a même dû interrompre le mouvement. Il n’était plus Synchro. Avec Mémé, ça ne rigole pas. Coordination, dé-coordination, squats bien sur l’arrière. Non seulement on était dérouillés, on avait chaud. Le soleil aussi. L’ambiance topissime. 

Tout le monde au bain

Queueleuleu pour les Pagaies Jaunes valides sur le tapis vert devant la machine à laver. Directement dans le grand bassin. Pour ensuite débouler à l’étage du dessous, dans le petit. Parcours en entier.

Tandis que nous, les 3 APA , encadrés par Romaric allions tranquillous nous entraîner au pataugeoir. Sympa, mais pas simple de faire des huit entre les piliers du pont. Pas du tout comme à Pont-Réan, ici on nous avait réduit les piles. Effet accordéon. Les bateaux n’avaient pas rétréci. Le mien avait rallongé. Sic.

Groupe de kayakistes niveau pagaie jaune en cours sur l'eau

Dents de la mer pour les plus vulnérables 

Puis Romaric nous a fait ses recommandations de rigueur question sécurité. « Là derrière nous, derrière les faux rochers, c’est la fin du parcours. En face,  derrière les grilles que vous voyez, un système d’aspiration pour récupérer l’eau qui est renvoyée vers les pompes. » Michel, entre l’Agnan et le Clotaire du groupe a renchéri « des coupes-sushi ». Super, quelle bonne idée. Engagez-vous qu’i disaient. Romaric sentant le vent de panique monter a cru encourageant de rajouter « si jamais l’un de vous rate sa gîte pile devant les grilles, ne vous préoccupez pas du bateau ni de la pagaie. Par contre n’essayez pas de nager, vous ne serez pas aspiré mais on peut s’épuiser bêtement. Je vous lancerai une corde pour vous sortir de là. »  

Merci de nous avoir rassurés. Je ne sais pas si il avait vraiment dégelé l’ambiance. Mais nous, on avait bien compris qu’on ne jouerait que dans la 2eme partie du parcours, celle qui se termine par les dents de la mer, et qu’il nous fallait juste nous garer de l’autre côté . Haut les cœurs.

Puis on n’est pas passé par le tapis roulant ascenseur puisqu’on ne dévalait que le petit bassin, et gentiment sommes remontés par l’eau lisse en aval, au pied du barrage à castor avec les mouettes bien rieuses au-dessus. Quelques marches d’escalier plus loin, Romaric nous a re briefé cette fois sur le vilain caillou qui obstruait la veine du courant après le 3eme rapide. Yeux dans les yeux, il nous a rappelé de ne jamais le regarder. Mick et Max nous avaient déjà élevé à cette étrange croyance. Même pas peur.

Grand chelem pour Michel

La 1ere descente est la plus dure.

Il faut aller sur le terrain et tâter du courant, contre-courants et éviter autant que possible de se prendre pour une boule de flipper. Car c’est vite démotivant de ricocher et rebondir sur tous les obstacles.

Michel qui n’avait pas vu une oasis depuis mille ans, a tout dévalé “finger in the nose”.

Kayakiste de l'Activité Physique Adaptée en plein effort sur l'eau
  • Evelyne s’en est bien tirée.
  • Romaric naviguait côte à côte avec elle.
  • Il fermait la glisse. Un oeil et le bon partout

Moi, je n’ai jamais terminé ma première descente. On m’avait fourgué un sit & top. Pas top du tout. Pas fun non plus. J’étais en fait juchée sur un paquebot immanœuvrable . Dégoûtée comme un ragondin sur son rondin. 

J’ai dit stop, je ne prends pas de plaisir, je ne peux pas gîter, ni diriger quoique ce soit. C’était mal barré. Impossible de lutter pour me placer dans l’autoroute de la veine principale, je ne pouvais exécuter aucune des consignes.

Romaric échange cheval de course contre rondin pour ragondin

Romaric, chevaleresque, s’est proposé d’échanger et me laisser son ripper mega joueur. Ça ne m’a pas rassurée non plus. 

J’ai même pas tenté. Prête à déposer la pagaie et rendre ma jupette.

Puis Romaric a eu la riche idée de faire lui-même une descente en rondin. Pour voir.

Vu d’en haut, il a mené le bestiau bien comme il fallait, au milieu de A à Z. Parfait.  Mais Romaric sur un rondin et Magali dans un ripper, il y a comme une drôle d’équation.

De son expérience, il en a tiré qu’il me suffisait de rentrer juste avant le virage qui marque la jonction des 2 parties. Et non juste après.

Encore un peu dépitée mais joueuse, je décide d’appliquer à la lettre l’engagement dans la mêlée. Au même moment, j’aperçois Michel qui semble aussi à l’aise qu’un poisson volant, dévaler la 1ère marche et se garer à droite dans le contre-courant à côté de Jean-Yves, un ancien de chez nous.

APA Anonyme du Canoë Kayak Club Pont-Réan

Evelyne et Romaric se placent après moi.

C’est parti. Mon rondin se place naturellement dans le torrent, je n’ai plus qu’à pagayer. Sauf que j’ai plus l’impression de battre des ailes, mon rondin va dans la bonne direction, je plane et tout se déroule tout schuss. Que du bonheur !

Retour sur expérience, Romaric m’explique qu’effectivement, mes pales ne touchaient pas l’eau.. sic. J’étais juste bien positionnée et sur un bateau qui flotte. 

En bas de la piste rouge, je retrouve Evelyne, qui s’est bien battue mais qui sent qu’elle fatigue. Et Romaric. Qui profite de l’hécatombe qui se passe dans les 1ères marches, pour nous faire faire quelques exercices de bacs aller-retours de droite à gauche puis retour du flot bien rapide mais moins tumultueux en cette fin de circuit. 

Quand tout-à-coup, on voit apparaître Michel tout mouillé. « Coucou coupain, tu nous as manqué. » 

Michel était rincé. Sa batterie dans la réserve. Temps pour lui d’arrêter les joies de la cour de recréation pour la journée. Evelyne HS aussi. Moi, en forme. Au taquet. 

Nos 2 champions rentrent à l’écurie.

Tour de manège

Je reste avec Romaric. Cette fois, on se lance dans le grand bain, depuis le tout départ après l’ascenseur à bateaux. Au tout démarrage de la machine à laver.

Romaric me donne les consignes « À la descente du tapis roulant, fais comme moi, place ton rondin en équerre dos au mur, et suis moi. »Je m’exécute. Cette manière de procéder permet de maîtriser le départ de notre descente, dans le contre-courant. Puis c’est parti, je regarde là où il faut, plonge la double pagaie profondément en large moulinet efficace, je m’élance. 

Kayakiste derrière un autre avançant dans le bouillon du courant

Le sit & top se révèle merveilleux. Chaque fois que je vole en bas d’une marche, toute l’eau jaillit par les trous avant de mon bateau, je fais littéralement corps avec cet engin sculpté pour la discipline. Et je les enchaîne toutes. A l’approche du virage de notre piste rouge du départ, je passe une à une les portes en plastique grises brise-lame, ce qui me permet de tranquillement décélérer.

Puis c’est reparti, je garde l’œil au bon endroit, j’avance, je dévale, je vole. Et retrouve Romaric. Trop bon. On recommence. Mémé nous indique qu’on n’ a plus que 8 minutes avant la fin de la pompe.

2 tickets de plus pour attraper la queue de Mickey

On se grouille.

Tour de folie. 

On dévale tout. À chaque saut , crions « yahouuuu ! », la double pagaie en l’air.

La pompe est tout juste arrêtée, Il y a encore de l’eau dans le bassin, on y retourne. Là-haut c’est devenu un lac. Ou une baignoire qui se vide. C’est silencieux. Plus de turbine. Et vide. Pu personne. À notre suite, Bérangère débutante loisirs adultes du cru septembre 2023, et Steven cru 2022. Cette fois, à chaque marche on risque de s’échouer. Mais ça passe. Les canetons dégringolent tout comme il faut. Quelle aventure !

De retour à la base, direction les vestiaires de luxe de Cesson. Et les douches.

Kayakiste assise sur Kayak Sit On Top

Debriefing

  • on était 38 bateaux sur l’eau en furie. Tout le monde s’est baigné au moins une fois. Sauf Evelyne, Romaric et tout les forts en maths.
  • Michel n’avait pas formé un binôme avec Jean-Yves, c’était juste un hasard de se retrouver côte à côte dans ce contre courant. Il avait juste opté pour la pause après chaque marche pour diminuer les battements de cœur. Mais en réalité, la stratégie s’etait révélée inefficace. Après chaque pause, l’énergie déployée pour revenir bien se placer dans la veine, l’ exténuait plus rapidement.
  • Et c’est ainsi qu’arrivé en bas, il avait dessalé. Simplement de fatigue ultime. 
  • Evelyne avait fait un beau parcours. Elle qui manque cruellement d’équilibre dans ce type de bateau carrément suicidaire pour son handicap. Une fois de plus, elle nous a donné une leçon de courage magistrale.
  • Elle a su arrêter à temps. Avant accident. Respect.
  • Quant à mon aventure de rondin pour touriste devenu sit & top taillé pour l’eau-vive. Nous en avons tous conclu que la grande difficulté est de changer de bateau.

Ça gîte moins, c’est plus stable, même pratiquement insubmersible (j’ai quand même nagé une fois). L’extase qui frise le délire total sont les trous d’évacuation. Des gerbes d’eau dans le bateau. J’avais 8 ans au parc Asterix. Et j’en redemandais.

À la question de Berangère (qui a nagé 3 fois) me demandant pourquoi le club m’avait choisi un sit&top, j’ai répondu que c’était un bateau qui à priori était idéal pour débuter quand on manque de confiance en soi. Et que surtout, j’étais inclassable. Ni débutante ni confirmée. Pas mal d’humour et joueuse. Trouillarde et spontanée. Un bon cobaye. lol.

Epilogue

Dans le camion du retour, on était tous totalement détendu. Michel dormait les yeux ouverts, Evelyne aussi. Steven aussi.

Bérangère expliquait avec les gestes comment elle avait bien tourné à Aldric. Un peu comme les chevaucheurs de dragons dans Avatar. 

J’avais une pêche grandissante.

Le soir, j’avais prévu d’écraser. J’ai finalement rejoint un groupe de copains. On est allé au ciné. En rentrant, j’avais toujours la pêche. Incroyable.